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Guérir > une troisième voie

Extrait de « Le Courrier de la CORÉE » ± février 2002

Concilier médecine orientale et médecine occidentale

Un médecin de quartier a conseillé à Kim Sung-ho, 37 ans, de se rendre à l'hôpital pour procéder à un diagnostic complet de ses reins. Partisan à la fois de la médecine orientale et de la médecine occidentale, M. Kim a voulu obtenir un diagnostic de ces deux pratiques. " Je pensais obtenir de meilleurs résultats en étant traité en même temps par des médecins orientaux et des docteurs de médecine occidentale ", a-t-il expliqué.
Il pensait d'abord devoir se rendre dans deux établissements distincts. Mais en arrivant au Centre médical Est-Ouest (EWMC, East-West Medical Center) de l'université de Kyunghee à Séoul, il trouva réunis en un même lieu un praticien de médecine orientale et un docteur de médecine occidentale, collaborant ensemble au diagnostic et au traitement des patients. Au EWMC, M. Kim est donc reçu par deux docteurs. En premier lieu, un médecin formé à la médecine occidentale procède à un examen préliminaire de ses reins à l'aide d'un équipement de pointe. Puis, il est vu par un docteur en médecine traditionnelle qui détermine sa " constitution sasang ", c'est-à-dire son type physiologique en fonction duquel son mal sera traité.
" C'est très bien de pouvoir consulter deux médecins sans avoir à payer en plus ", a ajouté M. Kim, " et le diagnostic issu de la coopération de ces deux médecins est très fiable à mon avis ".
Ouvert en mai de l'an dernier, le centre médical basé à Séoul a pour vocation de concilier les atouts de la médecine orientale et ceux de la médecine occidentale, afin de répondre au mieux aux besoins des patients. Les deux docteurs consultent à tour de rôle et individuellement le patient, puis se retrouvent pour discuter du meilleur traitement à suivre.
Selon les cas, ils peuvent recourir à des soins conjugués ou bien privilégier un traitement plutôt que l'autre.
" Afin de créer cette 'médecine de troisième type', le centre s'est appuyé sur de nombreuses expériences cliniques très satisfaisantes où les deux médecines étaient utilisées conjointement ", a expliqué le directeur du EWMC, Doo Ho-kyung. " La médecine de troisième type, si elle se voit couronnée de succès, va faire date dans l'histoire de la médecine ". M. Doo définit la médecine de troisième type comme " l'harmonieuse combinaison entre une médecine spirituelle de tradition orientale et une médecine occidentale, moderne et technique ". La médecine orientale, fonctionnelle et intuitive, travaille avec la médecine scientifique et systématique de l'Ouest pour créer de nouvelles pratiques qui réconcilient le corps et l'esprit.
" L'objectif principal du centre est d'offrir rapidement des soins efficaces, appropriés et peu onéreux aux patients ", a-t-il ajouté.
Cette médecine conjuguée a obtenu des résultats concrets. Selon les études menées par le centre de recherche sur les reins du EWMC, 90 % des personnes souffrant de légères affections rénales - principale cause du syndrome néphrotique chez l'enfant - ont été complètement ou partiellement guéries grâce à l'utilisation combinée de doses de stéroïdes prescrites par la médecine occidentale et de SA-1 recommandé par la médecine orientale. Pris de façon indépendante, les stéroïdes n'obtenaient que 70 % de guérison et le SA-1, 35 %. Grâce à ces résultats et à ces nouvelles pratiques, la clientèle du centre médical a doublé ces deux dernières années.
Bien que le EWMC soit récent, son origine a une longue histoire. L'Institut de recherche Est-Ouest, fondé en 1971, a mené des expériences cliniques alliant les deux médecines afin de préparer l'ouverture du centre médical. Cet institut avait été baptisé " centre de coopération " par l'Organisation mondiale de la santé en 1988.
La coopération entre médecins de tradition orientale et docteurs formés à la médecine occidentale est une gageure que le EWMC a relevée non sans peine. " Au départ de notre coopération, nos deux écoles avaient du mal à communiquer et chacune rechignait à reconnaître les bienfaits de sa rivale ", a expliqué M. Doo, spécialiste de médecine orientale.
Même si les premières opérations en collaboration s'avérèrent très positives - en 1971, une ablation de l'appendice fut réalisée sous anesthésie par acuponcture, le manque de communication et de compréhension entre les deux obédiences avait empêché l'ouverture du centre avant 1988, date d'inauguration du centre pour les soins rénaux.
Encouragés par les succès obtenus par ce centre, les médecins du centre médical de l'université de Kyunghee se sont attelés au projet de médecine de troisième type. Ils sont présents à ce jour, dans 13 branches hospitalières, dont la cancérologie, les traitements antivieillissement, les soins pour les rhinites ou encore la gestion des cures d'amaigrissement. Soient 50 médecins (représentant équitablement les deux médecines) qui collaborent au sein de ce centre.
Au centre médical contre l'arthrite, les patients qui ne supportent pas la pharmacopée occidentale - à cause d'insuffisance rénale, tirent un énorme profit du traitement conjugué. Ils sont traités par acuponcture et moxibustion - combustion lente, sur des points précis de la peau, de cônes d'armoise séchée - en même temps que par une médication occidentale contre les rhumatismes.
Le directeur du EWMC affirme encore que le fait que la Corée ait développé ses propres méthodes en matière de médecine traditionnelle rend le centre encore plus original. " Même si la médecine coréenne a pour fondement la médecine traditionnelle chinoise, elle a su développer de nouvelles techniques comme le saam, le taeguk, l'acuponcture à la main ou la constitution sasang ", explique M. Kim.
Le système de diagnostic par la constitution sasang considère qu'il existe 4 types physiologiques distincts auquel peut appartenir un individu (taeyang in, taeum in, soyang in et soum in) ayant pour critères le physique, le caractère et la constitution de l'individu. Certaines branches du EWMC s'appuient sur ce système pour établir le traitement à suivre. En plus de ses efforts continuels pour développer la médecine de troisième type, le centre médical de l'université de Kyunghee a également conçu un programme pour les médecins étrangers désireux de se former aux techniques de la médecine traditionnelle. Le département international de médecine orientale a mis en place un " programme en résidence spéciale " qui permet aux docteurs étrangers, aux acupuncteurs et aux étudiants en médecine d'étudier la médecine traditionnelle dans un contexte hospitalier.
Concilier médecine orientale et médecine occidentale est également un atout important pour le monde industriel, selon le directeur du EWMC, qui ajoute encore que " si la médecine de troisième type telle qu'elle est développée en Corée est la plus complète, il est probable que le résultat de ses recherches pénétrera bientôt les cercles médicaux internationaux."

Seo Hyun-jin

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